Anna Dombrovska est chargée de projets pour l’Ukraine.
Depuis ma dernière visite en septembre 2019, l’Ukraine, comme le reste du monde, a subi de nombreux changements : d’un pays complètement paralysé par les confinements occasionnés par la COVID et faisant désespérément appel à l’aide du reste du monde en mars 2020, cet état s’est très bien adapté aux nouvelles réalités.
En septembre 2021, c’était ‘business as usual’, travail, événements, voyages, etc. Tout est revenu à la normale à l’exception du fait qu’à certains endroits les gens devaient encore porter des masques et que la distanciation sociale devait encore être pratiquée dans les endroits où elle pouvait être fortement contrôlée.
Toutefois, la situation a radicalement changé au mois d’octobre 2021. Le faible taux de vaccination – en raison de la méfiance générale vis-à-vis des vaccins – a fait passer le pays de la zone verte (100 %) au rouge, et des restrictions strictes ont été imposées aux non vaccinés.
Les restrictions pour les personnes non vaccinés introduites à l’automne ont provoqué un grand mouvement vers la vaccination. Plus de 3,5 millions de personnes se sont fait vacciner en un mois. En début novembre seulement 17,3% de la population a été entièrement vaccinée, ce qui n’offre toujours pas une protection suffisante contre la pandémie. En 2020, CNEWA a fourni plus de 60 000 $ pour aider l’Ukraine à mettre en place les mesures d’urgence pour répondre à la pandémie de COVID-19.
En Ukraine, les circonstances changent rapidement mais les gens ont appris à s’adapter assez vite. Il en est de même pour CNEWA et les projets qu’elle soutient. Les séminaristes, les catéchètes, groupes de soutien spirituel et psychologique ont dû s’habituer à travailler en ligne. Les bénévoles impliqués dans la pastorale sociale des paroisses se sont tournés d’urgence vers la production de masques et la prise en charge des personnes âgées qui vivent dans l’isolement. Une fois les restrictions levées, tout le monde s’est senti soulagé mais la pandémie a laissé beaucoup de séquelles. De nombreux prêtres et travailleurs sociaux qui ont fourni une aide de première ligne lors des premières vagues de la pandémie sont décédés ou ont connu de graves complications après avoir eu cette maladie.
Quand je pense à la nouvelle Caritas Zhytomyr et au travail incroyable accompli par ses employés et bénévoles, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’abbé Vitaliy Sydoruk. L’abbé Vitaliy a déployé tellement d’efforts pour lancer Caritas Zhytomyr en 2020. Sa santé n’a tout simplement pas pu tenir le coup lorsqu’il est tombé malade du COVID. Il est décédé à l’âge de 47 ans. Toute la communauté catholique ukrainienne de Zhytomyr manque sa présence.
Tout comme celle de Caritas Zhytomyr, d’autres Сaritas locales ont été créées en Ukraine à la suite du projet national de 2018 à 2020 visant à promouvoir l’établissement d’un Ministère de pastorale sociale dans les paroisses. Ce projet, soutenu par CNEWA, a fourni inspiration, connaissances et micro-subventions aux églises locales.
En un an, l’équipe de Caritas Chernivtsi dirigée par son nouveau directeur, l’abbé Liubomyr Ivanochko a réussi à transformer un ancien bâtiment de l’ère soviétique en un nouveau centre social catholique avec cuisine, chapelle, bureaux, buanderie et espaces pour tenir des ateliers de toutes sortes.
Lorsque des inondations dévastatrices ont frappé les Carpates en juillet 2020, l’équipe de Caritas Tchernivtsi s’est mobilisée pour aider les villages voisins. Elle leur a fourni des fournitures de base et a ensuite aidé plus de 200 familles à restaurer leurs habitations. Grâce aux éparchies catholiques ukrainiennes du Canada, au mouvement des femmes catholiques ukrainiennes du Canada (l’UCWLC) et à des donateurs individuels, le bureau canadien de CNEWA a pu fournir un soutien vital d’une valeur de 73 000 $ à 400 ménages qui ont souffert des inondations.
Contrairement au progrès rapide qui s’est produit dans la partie ouest de l’Ukraine, à Tchernivtsi, dans la partie est du pays, à Zaporizhzhia, il a fallu 20 ans de prières et d’efforts de toutes sortes pour que les catholiques puissent enfin avoir accès à des terres de la municipalité pour pouvoir établir leur communauté.
Telle a été la réalité dans tous les territoires de mission de l’Église grecque-catholique ukrainienne (UGCC), dans une bonne moitié du pays : l’est, le sud, le centre de l’Ukraine ainsi qu’une partie du nord et du sud-ouest. La province de Zaporizhzia est situé sur la frontière de la Russie et du territoire occupé par les pro-russes de Donetsk.
La guerre fait partie de la réalité quotidienne dans cette partie de l’Ukraine depuis 2014. Secoués par la perte de leurs fils et filles tués lors de la guerre du Donbass, les parents trouvent réconfort et aide au sein de groupes de soutien affiliés à Caritas Zaporizhzhia.
À Zaporizhzhia, la longue guerre dans le Donbass voisin se fait ressentir dans la vie quotidienne des gens. Ceux-ci se rassemblent dans des locaux de Caritas à la recherche de paix et de soutien. (photo: Anna Dombrovska)
Malgré tous les troubles avec lesquels ils doivent composer, les Ukrainiens continuent de garder espoir grâce à la foi qui demeure bien vivante dans leur cœur. Après les longs confinements liés à la pandémie, se retrouver ensemble est une bénédiction qui est fort appréciée.